1
Année Septième.
23 Septembre 1S81
N. 37
LE TÉMOIN
ÉCHO DES VALLÉES VAUDOISES
Paraissant chaque Vendredi
Vous serts ietrtotiis. Actes 1» S,
i’tiíüíittí la vérité avtc ia charité, Ep. 1,15,
PRIXD’ABBONNEMENTPAR ANi
Italie . . , * L. 3 I
Tous les pa^8 de rüDipn
de poste . . . • ß !
Amérique . . ► P :
On s’uboiine :
Pour ]'Intérieur cheK MM. Irh
pasteurs et les libraires de
Tijrre Pellice.
Pour Burepu d’Ad
ministiation.
Un (VU plusieurs numéros sépa> <
Tés, demandés avant le ti« ‘
rafre 10 cent, cbacun.
Annonces; 25 centimes par ligne.
Les envois d'argent se font par
lettre recommandée ou par
luaniiÆ/s sur le Bureau de Peî'osa Argentina.
Pour la RÉDACTION adresser ainsi; A la Directiou au Témoin, Pomaretto (Piaer||fol Italie.
Pour 1* ADMINISTRATION adresser ainsi : A l’Administration du Témoin, Pomaretto i Pinerolo) Italie
Somtriaîre.
23 Seplombre. — Cormpoiidnnte. —
Co o'pst pas tout noir. — Vous me serez
témoins. — Un matelot itévoro. — Bibliographie. — Nouxeltcs religieuses. — Chronique Vaudoisc. — Bevtie polUique.
23 Septembre
LE SYNODE Y4VD018 DE 1881
Le Collège a eu sa légillme part
dans les discussions de l’assemblée
synodale. Aucune déübéraliou particulière n’a été prise è soa égard
et nous pensons que le Synode a
agi irès-sagemenl en cela. Si nous
avions le temps, et surtout si nous
estimions utile de parcourir les Actes
synodaux des 25 dernières années,
nous pourrions y faire une très curieuse collection d’articles constitutifs et réglementaires, se succédant
et très souvent se contredisant et
se détruisant l’un l’autre, sans que
la marche de rétablissement y ait
sensiblemenl gâgné. Ce que Ton a
pu constater celle année avec une
.satisfaction très vive, cliez nous du
naoins, c’est Tentenle à peu près
unanime à laquelle on jfest arrivé
sur deux points d’une exwêmc importance. %
Le premier est la ferme résolution de maintenir de toutes nos forces
envers et contre tous, le caractère
très spécial au Collège Vaudois d’é •
lablisseraent de l’Eglise dont le but
est, avant toutes choses, de pourvoir
aux besoins de l’Eglise au point
de vue de Téclificalion, de l’enseignement el de l’évangélisation; non
qu’il puisse à lui seul satisfaire à
toutes ces exigences, mais il a pour
mission de poser le fondement sur
lequel d’autres édifieront. Celte indépendance que doit conserver notre
Collège entraîne certaines conséquences que nous sommes prêts à
accepter; elle impose aussi à l’Eglis.e des obligations qu’elle doit tenir
à honneur de remplir.
L’autre point capital qui iTesL
pas moins important et qui est accepté avec la même unanimité, c’est
le devoir où nous sommes de préparer les élèves du Collège Vaudois
de telle manière que ceux d’entre
eux qui le désirent puissent subir honorablement ailleurs les épreuves
2
.298
requises pour roblenlion des diplômes de licence gymnasiale el lycéale.
11 devrait aller sans dire, mais il
faut le rappeler à ceux cpii l’oublient
trop facilemenl, que dans noire Collège, pas plus que dans aucun autre
établissemernenl en Italie el ailleurs,
on ne parviendra jamais à donner
de l’intelligence aux élèves qui n’en
sont pas doués et à (aire des miracles en faveur des jeunes gens indolents, paresseux el indisciplinés.
11 y a cependant un vœu que le
Synode a manifesté déjà l'année dernière el plus paiiiculièremenl celleci, vœu 1^'ès légilime ol' qui sera,
nous res|érons, salisfail selon la
mesure des moyens dont nous disposons. fri est viai qu’il y a au Collège inférieur des leçons d’histoire
biblique el dans les classes supérieures une élude de la Parole de
Dieu, mais on demande quelque
chose de plus el de mieux pour le
Collège supérieur, môme déjà pour
les élèves de 4""" année dont (juelques uns sont en âge d’élre catéchumènes, et c’est un cours complet
d’instruction religieuse. Quoi qu’il
ne soit pas aussi simple qu'on pourrait se l’imaginer que d’ajouter
une leçon de plus à celles qui existent el de trouver pour cela la place,
le temps et l’homme,-la chose que
l’on demande n’est pas de celles
sur lesquelles on passe à l’ordre
du jour, mais elle mérite 1a plus
sérieuse allenlion.
A propos de V Orphelinat el de
quelques dons en nahire qui lui
^ sont parvenus, on s’étonne un peu
quB ces rares exemples ne trouvent
pas plus d’imitateurs. Il descend
d’Angrogne, du Villar el de Bobi,
et il monte de St. Jean tant de
pommes de terre, de châtaignes, de
fruits de toute espèce, de beurre el
de fromage, [)üurquoi ne s’en arrêterait-il pas quelque peu chaque
semaine pour aider à nourrir ces
50 orphelines que l’on y amène avec
tant de zélé el dont on doublerait
volontiers le nombre, si la chose
était possible! Du reste, que dii-c
de l’Orphelinat que tout le monde ne
sache déjà? Que c’est un établissement modèle que les étrangers ne
se lassent pas d’admirer el peut-être
de nous envier !
Avant de poursuivre notre compterendu un peu détaillé des opérations
du Synode, nous voulons, pour ne
pas risquer de l’oublier, comme nous
l’avons fait l’année dernière, consigner ici les noms des membres des
Administrations qui ont été nommées dans ,1a séance de vendredi
après midi.
La 'Fable confirmée dans tons ses
membres :
D. Lantaket, Modéralom;
J. P. Pons, Modérateur adjoint.
H. Bosio, Secrétaire.
Avocat JosüÉ Vola.
( Prof. J. B. Oliveï.
Comité d’Evangélisai ion confirmé •
M. Prochet, Président.
J. D. Turin.
A. Malan.
A. Revel,
Av. Tito Ghiesi.
Commission de.s Hôpitaux:
D. Pellegrin.
P, Lântaret,
J. P. Micol.
J. Niccolini.
B. Tron.
' Conseil de Théologie :
J. P. Meille.
B. Pons.
3
(ÜJorrcopoubancc
. li* septembre )8R1.
Mon cher Monsieur,
Celle fois je fais une exception à la
lègle suivie jusqu'ici de ne prenilre la
plume que dans nies moments de loisir,
parliculièremenl lorsque c’est, le mauvais temps qui me le procure. Ce n’esl
pas le travail qui me manque aujourd’hui et ce n’est pas la pluie qui m’empêcherait de le faire; mais j'ai quelque chose sur le cœur et je ne voudrais pas le garder plus longtemps,
car il y est depuis une dixaine de
jours. Et puis sans fn’ctre proprement
engagé, je vous avais fait espérer quelque chose pour la semaine dernière,
et je ne vous ai rien envoyé.
Comme je me l’étais proposé, j’iCi
voulu voir noire Synode et me suis
arrangé de manière é arriver pour
la séance toujours la plus intéressante
pour moi de la réception des députations étrangères. Jamais je crois, je
n’avais autant joui que cette année.
J’ai oublié les noms de quelques-uns
de ceux qui sont venus de loin pour
nous apporter des témoignages d’affection chrétienne et des encouragements,
mais non ceux du cher docteur Stewart,
que je connais depuis plus de vingt
ans, du vénéré docteur Robertson que
j’ai entendu il y a quatre ans et du
'missionnaire Coillard que je m’étais
déjà procuré le plaisir d'entendre deux
fois. Souvent j’avais lu son nom et
ses correspondances dans le journal
des Missions de Paris, et je me souviens
que notre pasteur , dans les services de
mission qu’il fait de temps en temps,
l’a aussi mentionné plus d’une fois.
Mais celle fois je l’ai vu et je puis
dire comme la reine de Séha que ce
que j’ai vu surpasse extraordinairement
ce que j’en avais entendu. Je ne sais
pas comment exprimer mieux mon
sentiment à son égard qu’èn disant,
que si tous les missionnaires de la
Société,de Pai'is, et ceux des autres
Sociétés sont de celle trempe, la
conquête à l’Evangile de 1’.Afrique
leur est assurée. Vous direz peut être
que cola n'engage à rien, mais c’est
Irès-sériensemenl que je le déclare;
si l’un ou l’autre do mes grands garçons était de quelques années plus
jeune et encore à temps pour faire
les éludes nécessaires, je l’enverrais
volontiers rejoindre monsieur Coilinrd
dans la station qui va fonder au centre
de l’Afrique. Je suis aussi persuadé
que si les Vaudois le veulent forlemenl
et d’une manière persévérante , ils
auront bientôt quelque représentant
de leur église dans la glorieuse armée des soldats de .lésus-Ciirisl qui doit
lui conquérir le monde entier.
Si quelqu’un me dernamlail; Est-ce
là ce que vous disiez avoii' sur le
cœur?je répondrais, comme vous pouvez vous l’imaginer, que cela je l’ai
non sur le cœur, mais dans le cœur,
et que je ne veux pa.s du tout m’en débarasser. Ce qui m’a poursuivi ces
jours i)a.ssés, comme une impression
Irès-désagréalile, c'est ce que je m’en
vais vous dire.
Le dernier jour du Synode , après
avoir assisté à la revue des propositions qui reslaieril à discuter, et
dont deux ou trois m’ont vivement
intéressé, après avoir dîné avec quelques amis, comme je n’avais aucune
part aux votarions, je suis allé faire
une promenade solitaire .'uir la roule
des Airals de Luserne et jusque vers
Rralafera. A mon retour mes regards
se .sont longtemps attachés sur le vallon d’Angrogne et sa riclie végétation
que la pluie avait .reverdic. Puis ils
se sont ahai.ssés sur l’Orphelinat, ce
précieux élablissemenl qui est l’objet
de radmirntion de tous ceux qui le
visitent et tout-à-coup, je me suis
arrêté, et me .suis frotté les yeux pour
m’assurer que je ne rêvais pas.
A côté, et pre.sque devant notre
Orphelinat un antre bâtiment s’élevait;
je distinguais les ouvriers allant et
venant sur les échafaudages. Etait-ce
une succursale de l’établissement, chapelle, maison pour les malades qu’il
n’esl pa.s jiossible jusqu’ici d'i.soler?
Mais non, la direction n'anrail pas eu
la maladresse de placer cet édifice
juste entre le soleil et l’Oi'phelina!.
Allons voir, me suis-je dit, ce qu’an-
4
....300
Vk/W/VAjrv^/SAiVW^^'
nonce celle consliiiclion. G’csl une
éiïlise, me dit l’iin des ouvriers el. je
m'en élais bien'donlé; ruais ii quoi bon
conslniire iin pai'eil édilice à deux
pas de la grande église caiholiqne el,
à lin demi kilomètre de nos, temples
du ia Tour et du Ciabas?
C’esI ce que l’ouvrier interrogé n'aurail pas su inc dire et n’ayant pas osé
entrer à l’Orphelinal, où Je n’avais
rien à faire, je reliroussai chemin
vers La Tour et interrogeai la première
connaissance qui se trouva sur mon
passage. Vous ne savez pas? me répondit-on. Sans doute que non , puisque
je vous interroge. C’est la Chapeile
bapiisle. Et pour qui la construit-on?
Les gens de celle dénomination sontils donc assez nombreux ici pour qu’il
faille les rassembler dans un si grand
local? Pas précisément, autant que
je puis le savoir, ils ne sont, pour le
moment que nu, c’est-à-dire fieujî: avec
le ministre ou évêque dont on prépare
aussi le logement; mais vous savez,
c’est un œuvre de foi, el l’on espère
gagner beaucoup d’adhérents.
(A mivrc).
Ce ii'esl pas loiit noir.
Il n’y a point de justes, pas même
nn seul. Voilà ce que dit l’Ecriture
Sainte en parlant des liomnies et de
cliacini d'eiix sans aucune exception.
Les églises étant composée.s d’individus,
el aucun de ces derniers n’étant juste,
il ne faut pas nous étonner s’il n’esl
possible de trouver nulle part sur
la terre d’église pure, pas même celles
qui prélendent à celte pureté, et .surtout pas celles-là. Chaque église tend
à la perfection, mais aucune n’y est
parvenue aussi longtemps qu'elle est
dans ce monde pervers q.1 corrompu.
S’il y a des miîôres spirituelles dans
toutes les églises chrétiennes du monde, qui s’étonnerait d’en rencontrer
aussi dans l’Eglise Vaiidoisé? NouS|.
voudrions seulement que ces misé-'
res no fussent pas exagérées comme elles l’ont souvent été par nos
adversaires, par quelques cousins ja-*
loiix de voir chez nous ce qu’ils n’ont
pas chez eux, el aussi |tar telles personnes qui ne cpnnai.ssent nos Vallées
que superficiellement, Un moyen de
nous présenter sous un mauvais jour
consiste quelquefois à ne faire voir que
le côté le plus noir en cachant l’antre.
H y a, chez nous, comme chez d’autres,
le revers de la médaille, mai.s par la
giace de Dieu il y a aussi le beau
côté, et il est juste qu’on le montre.
C’est avec un vrai sujet de joie que
nous signalons les pas en avant constatés dans le rapport que la Table
vient de présenter an Synode. Nous ■
voyons, entr’antres choses, qu’il y a
progrès sur presque Ionie la ligne
|ioiir ce qui concerne les écoles du
dimanche; des réunions ont été élablies dans plus d'une paroisse au profil des catécluimèues déjà reçus dont
quelques uns l'isqu.enl de tomber dans
le monde après avoir passé par l’édise. On remarque par-ci par-là pins
de régularilé cliez les ealéchiiménes
quelques uns desquels fournissent même
des travaux par écrit. Plus d’un rapport exprime le désir de voir appliqué ce qui a éic décrété par le plus
grand bien de l’église par les Synodes
des années écoulées. Même la discipline, sujet de tant de préoccupations,
a pu être appliquée dans plus d’une
paroisse.
C’est avec un vrai bonheur aussi
que nous avons lu dans les rapporls
de Hodorel, de Pramol et de Uorà
que les bals, les jeux el les amusements mondains en général ont presque disparu. Que ne pouvons-nous
lire les mêmes délails réjouissants dans
les rapporls de tous les consistoires
des Vallées, et que n'iivons-nous dans
toutes nos paroisses des autorités qui
procurent le vrai bien de leur.s administrés en bannissant le.s désordres
publics qui font tant de mat à notre
jeunesse. Nous avons iiélas! un peu
partout les autorités que nous mériions,
et le jour où la masse de la population aura compris le mal immense
que font à nos chers enfants les amusements mondains qui profanent le
dimanche el corrompenl noire jeunesse, nous aurons des autorités qui
5
~~30I
craignenl le Seigneur el qui sanronl
qu’elles devront un jour lui rendre
compte de leur lulniinislration. La
justice élève les communes tout aussi
bien que les nations, et le peuple
qui soud're et qui paye aurait tout è
gagner avec des administrateurs qui
servent Dieu et travaillent an triomphe
de la moralité et do la juslice. Que
Dieu nous donne de lelsadministraleurs!
Vous me serez témoins.
(Actes I , R)
«Toutes sortes d’opinions ont été
esprimées dans le coins des temps au
sujet de la pei’soniie de .1. C.. Les uns
l’ont proclamé Dieu, d’autres vil imposteur, d’autres même en ont lait un
personnage l'abideiix. Celte es|)èce de
grand procès continue cà se débatire
Aujourd’hui encore et les opinions sont
tout aussi opposées que par le passé.
Quel est dans ce procès le rôle des
chrétiens et spécialement des ministres
de riîvangile? Ils ne sont appelés à
être ni les juges ni même les avocats
de Christ, mais bien les témoins.
Quel doit être Vobjet du témoignage
chrétien? C’est Jésus-Christ lui-même:
sa personne à la fois divine et humaine,
scs enseignements, sil vie, sonoeuvie,
qu’ils doivent annoncer an monde.
Pour que ce témoignage soit eflîcace,
de quelle nature doit-il être ? Il faut
qu’il soit sincère: que le témoin de
Jésus précité ce qu’il croit et ne démsnic ptis SGS porolês pni, sn conuiiiltî.
Il faut encore quQ ce témoignage
soit vivant et fidele. S il est tendu
dans ces conditions, quels en seiont
les effets? La gloire de Clmsl en sera
le premier résultat et pour les témoins
eux-memes un sentiment <te paix, de
confiance en Celui qui seul peut convertir les cœurs, de courage et de tolérance. Pour rEgli.se, lorsqu elle est
fidèle dans le témoignage de Christ,
elle y trouvera la meilleure garantie
de vie et de prospérité spiiituelles.
Notre propre Eglise ne doit sa conservation ni à sa force nuinérique ou
mîitérielle ni même à s,a science théo
logique, mais à la fidélité de son témoignage à l’autorité de l'Ecriture
comme règle de foi et à Christ seul
Sauveur des hommes».
S'adressant aux impositionnaires, le
prédicateur les a exhortés à résumer
leur miiiislère dans le témoignage cà
rendre à Christ et à se rappeler au
besoin que qui dit témoin dit wariyr.
Un matelot dévoré.
Pendant que le navire élail encore
sur la haute mer, lin matelot occupé
aux manœuvres glissa par dessus bord
et tomba dans les eaux de l’Océan.
Ses camarades lui lancèrent immédiatement une corde en altend.ant la chaloupe qui fut à îlots en moins de
deux minutes. Mais avant cela l’on vil
un immense requin venir à la surface
et emportet" le pauvre matelot sous
les onde.s. Le vaisseau resta en vain
dans ces parages pendant vingt-quatre
heures, mais on ne vil rien apparaître.
Plusieurs requin furent liarponnés et
évenlrés, mais ptis nn qui rendit gorge.
L'horreur dont furent saisis les matelots en voyant disparaître d’une manière
.si tragique leur compagnon , n’a rien
qui ne soit naturel. Mais quelle terreur
salutaire ne devrait pas s’emparer de
nous quand nous voyons quelqu’un
glisser et tomber dans l’abîme de péché
où il sera la proie d’tin monstre bien
plus terrible que le requin puisqu’il
ne dévore pas seulement le corps, mais
qu’il perd l’âme pour l’éternité. Tenonsnous constamment prés de Jésms, et
fuyons avec grand soin le lion rugissant qui rode autour de nous cherchant
qui ii pourra dévorer.
Deux asphixiéiî.
Deux frères se retirent pourdoi’mir
dans une chambre mal aérée , et ne
prennent pas la préoccupation d’éteindre leur lampe à pétrole. Le matin
après l’on trouve la chambre remplie
de fumée et d’une odeur détestable, la
lampe est en pièce et le.s deux frères
6
302^
sont morts. Le désordre que l’on remarque dans la cliamhre montre que
eesrieuic malhoureux avaient lutté contre la mort et clierclié à sortir de cet
amhienl memtrier, mais ils étaient
tellement engourdis qu’ils ne purent
ni sortir ni appeler au secours.
Il en est ii peu-près de même d’un
grand nombi'o de personnes qui se lais.senl envelopper par la tentation, et
ne découvrent le danger que lorsque
leur énergie morale est tellement réduite qu’ils ne peuvent plus se défaire
de leurs habitudes perverses, ni même
crier à Dieu pour avoir du secours.
N’attendons pas d’èlie en cette désastreuse situation , mais invoquons
l’Elernel pendant qu’il se trouve et
clierclions-le tandis qu'il est près.
Histoire des Eglises Tandoises,
par Gilles. — Deux vol. le 1‘‘ de
6. vm et pages, le 2“ de 508.
— Nouvelle édüion, imprimée chez
Ghiantore et Mascarelh, éditeurs,
Pignerol, {881.
( Suite voir le n® }
Le hean-frère du pasteur évadé
avait rempli lui-même l’office de barbier; la famille du prisonnier avait
bien été prévenue de son projet de
délivrance, mais elle était dans les
transes sur les résultats. Chaque licure
écoulée augmentait l’an.xiélé an sujet
du pasteur. Aussi quelle joie, quelles
actions de grâce, quand on le vit revenir. • Il y eut, dit Gilles, des pleurs
de réjouissance, plus qu’on ne peul
escrire.'Puis, accompagné de plus de
cent barquebusiers, on le conduisit
par les montagnes au Val de Luserne,
où il a depuis continué (ses fonctions
pastorales) en l’église de lioby, sa patrie, jnsques ,â l’année 1630 •.
C’est alors que périrent de la peste,
presque tous les pasteurs des Vallées ;
les prédicateurs de Genève, qui vinrent les remplacer, ne pouvant prêcher
en italien, introduisirent l’nsage de la
langue française; et Gilles, qui avait
commencé d’écrire son histoire en italien , dm la reprendre en français,
rjie est donc, si je ne m’abuse, le
premier ouvrage français qui ail été
écrit dans les Vallées Vapdoises.
On voit de quelle plume souple et
ferme, celle bisloirc est tracée. La
narfalion en est simple, claire, animée,
et tour h tour abondante ou précise;
comment u-l-on pu dire que Gilles
était diffus ?
Ce n’est certes point par le style,
mais simplement par la disposition des
matériaux; il raconte les choses l’une
après l’autre telles et à mesure qu’elles
se sont passées. Ne semble-t-il pas, an'
premier abord , que ce doive être en
eflcl la meilleure méthode ? C'est la
plus naturelle, et celle de tous les
chroniqueurs. Mais en y réfléchissant ce
jugement se modifie. Dans nos vallées
le même jour, et en plusieurs d’entre
elles, des chose.s très différentes, les
unes produites par des causes qui tenaient à la politique française, d’autres
à celle du Piémont, d’autres enfin à
l’étal des Eglises Vaudoises. En passant
de l’une à l’antre sans transition, rien
ne s’explique, et parfois tout .s’embrouille ; tandis qn’en exposant les
faits par groupes distincts, ayant cliacnn son unité historique , on juge
mieux de l’ensemble et des rapports
qui existent entre les différentes séries
d'événements.
Mais il est heureux que Gilles n’ait
pas suivi celle méthode, qui doit souvent procéder par élimination. Ainsi ,
je ne sache pas qn’ancnne histoire générale des Vaudois, ail reproduit l’épisode du pasteur de Piavillelm. Cel
épisode en effet, n’ayant eu aucune
influence sur le cours des événements
historiques, n’est pas indispensable à
Thisloire ; et combien d’autres, non
moins intéressants, Gilles ne renfermet-il pas dans ses riches chroniques?
C’est précisément pareequ’il est un
chroniqueur qui a tout recueilli que
son livre ne peut-être suppléé par aucun antre ; il n’est pas d’historien qui
ne doive y recourir, ni qui puisse le
remplacer. L’accnmiilalion de détails,
de traits de mœurs, d’anecdotes pleine.s
de vie, de renseignements de toute
7
.303
nature, qui remplissent ses pages, en
font vérilablemenl le trésor des annales
vaudoises.
Quelques lignes parfois lui suffirent
pour esquisser un caractère, pour dévoiler toute une existence dramatique
et cachée. — Telle fut celle de Barthélemy Goupin, dans les prisons de
l’évêque d'Asli (chapitre XLVi); de Jean
et d'Odonl Geymel, martyrisés dans le
fort de La Tour, ( fin du chap. xxi ) ;
de Daniel Peillon, aux galères; et de
tant d’autres qui scellèrent de leur vie
ou de leurs tortures, l'invincible fidélité de leur foi. {Suite}.
ilouucUc0 relijgicuscs
Italie. — Les différents journaux
politiques annoncent le passage îi l'Lglise lîvangélique de Monseigneur Canipello, chanoine de la Basilica Valicana
litre auquel était attaché un honoraire
de 12.000 francs par an. L’abjuration
a eu lieu le mercredi 14 septembre
dans l’Eglise méthodiste épiscopale , à
laquelle Mons. Campello s’est rattaché
en présence d’une foule considérable.
Gel acte avait été précédé d’une lettre
au cardinal Borrorneo, archiprètre de
la Basilique, dans laquelle Monseigneur
Campello rendait compte, tà son supérieur hiérarchique, des motifs qui,
après dix ans de l'éflexion , t’avaient
induit à se séparer de l'Eglise de
Rome, pour se rattacher è l’église évangélique. Monseigneur Campello, est
proche parent du comte Campello, un
des chefs du parti conservarleur à
Rome. Puisse-l-il donner à la cause
de l’Evangile l’appui d’une vie qui y
soit de tout point conforme!
— Un bel exemple de courage moral.
C’est à une femme que nous en sommes redevables, et voici à quelle occasion. Le 14 de ce mois avait lieu à
Milan, la seconde séance du ’ Conf/rés
des Maîtres d’école, avec l’interyenlion
du Ministre de l’Instruction publique, le
D"' Baccelli, accueilli à son entrée dans
la salle, disent tes journaux , par les
applaudissements frénétiques de plus
de deux milles mains.
Le"sujet à l’ordi'c du jour était le
suivatil: « S’il y a convenance à con
n server dans le programme didactique
s de l’instruction élémentaire , l’ensei» gnement religieux >.
L’assemblée se disposait h écouler
dans le plus profond silence ce que
le ministre, pour le premier, allait dire
sur cet important sujet. Tonl-îi-coup
au milieu du plus profond silence, une
voix de femme demande la parole.
Tous les yeux se dirigent de son côté
étonnés de tant de hardiesse. Mais la
jeune femme, une maîtresse, ne se
trouble point, et commençant la lec-~
inre d’un écrit qu’elle avait entre les
mains, représente à l’assemblée que
le sujet à l’ordre du jour étant d’un
caractère exceptionnellement délicat,
il fallait bien peser les délibérations
qu’on allait prendre, puisqu’il était impossible de méconnaître la force des
arguments qui militent en faveur de
l'enseignement religieux dans le programme didactique des écoles élémentaires.
A ces paroles un murmure tout
autre que bienveillant parcourt l’assemblée, mais la jeune inaîlresse sans
s’en émouvoir, s’efforce de démontrer
combien l’influence de la religion sur
les âmes des jeunes enfants est bienfaisante , lappellanl qu’à toutes les
époques et dans tous les pays, la religion a été considérée comme le fondement d’une civilisation véritable.
A ce point les murmures se font
plus bruyants. La maîtresse sans se
troubler, poursuit son raisonnement.
Mais chaque fois qu'elle prononce le
mot de religion, le murmure augmente
accompagné çà et là d’un flottement
de pieds, ce qui ne l’empêclie pas de
poursuivre, jusqu’au bout, et ce ne
fut que quand elle eut fini de rendre
son témoignage, qu’elle reprit sa place
avec une parfaite dignité. Combien
d’hommes qui, peut-être au fond, pensaient comme celle femme , auraient
ôsé le dire, avec la même courageuse
fraiicliise, devant unepareilleassemblée?
€^(xroniquc ^audoiee
Bibliothèque Pastorale. —. Conforménienl aux règlements en vigueur,
la Rentré générale des livres aura lieu
8
„304----
mercredi prochain, 28 seplembre. Quelque lemps après la rentrée , on publiera les noms des Messieurs les délenleurs de livres de la tlibliolhéque
Pastorale , qui Jusqu’il présent ont
cru devoir faire ia soni'de oi’eilte.
Hcvuc |ïoitttqui;
MîaUe. — Le grand événeinenl de
ces derniers jours, c’esl l’onverlure do
l’exposition géographique de Venise, Le
Prince Thomas en est le président honoraire. Le Roi, la Fteine, ia Duchesse
de Gênes, et un grand nombre d'étrangers ont visité à cette occasion la
cité des lagunes.
L’exposition artistique et industrielle
de Milan continue à attirer beaucoup
de monde.
Les ministres sont pi'esque tous rentrés à Róme et ont eu de IVéqueiits
conseils de cabinet dans lesquels ils
ont décidé la création de deux nouveaux ministères, celui du Trésor et
celui des Postes.
—■ C’esl maintenant un vopgê en
Angleterre que l’on annonce pour le
roi Humbert. Mai.s, à sou retour, on
s’arrangerait pour lui procurei’ une
entrevue avec t’ISmpereur d’Autriche,
En allendanl on a (été à Rome
l’anniversaire de l’entrée des troupes
piémoniaises. Tout s’esl passé iranquillemenl, dit-on, mais on regrette certains discours déplacés qui auraient été
pi'ononcés api'ès celui du Syndic.
_0’esl nn singulier pays que le nôtre,
où il suffit d’être le (ifs de son père
pour pouvoir impunément fouler aux
pieds les loi.s et la constitution ellemême. Passe encore de payer la dette de
ces prétendus patriotes, quoique l’argent des contribuables ne dût pas prendre Ce chemin-lè, mais laisseï' tout
iaiie et lout dire sous prétexte de
respecier la liberté du Bitoyen , c’esl
ce que nul ami de l'ordre et de l’honneur de sa patrie ne .saui oiU approuver.
Les grandes manœuvres militaires,
à quelques-unes desquelles le roi a
pris pari sont finies et nos troupes
sont l’entrées dans leurs garnisonsa especlives, comme aussi les soldats de
è® ‘et d« 3® mléqwk, appelés momen
lanément sous les drapeaux, ont' regagné leurs foyers. Les vacances parlementaires s’avanceni rapidement vers
leur terme; il est urgoiil de se préparer pour le travail et pour la lutte.
Vicanee. — Il est question avec
lonjoiirs plus d'insistance d’un changement de ministère. Gambetta sera
appelé à prendre la responsabilité de
la nouvelle administration , dans laquelle Jules Ferry u’enirerail pas; mais
on le dédommagerait par la présidence
de la Cliambro.
Les nouvelles de l'Algérie et de ia
Tunisie sont assez mauvaises. La Francecontinue à envoyer des troupes pour
réprimer les insurrections, rétablir et
maintenir l'ordre.
L’Egypte a voulu aussi entrer daps
le mouvement révolutionnaire ; ainsi à
la question de Tunis et de l'Algérie
vient s’ajouter la question égyptienne,
à laquelle sont intéressés avec la Turquie, la France, l’Anglelerre en première ligne, et i'Italie.
— l.e Président Garfield a succombé le 19 à 10 50™. du
soir victime de l’infâme attentat dont
le mobile n’est pas bien connu encore,
Aucun .soin n’a manqué à l’illuslre
victime; la science et ia plus tendre
affection ent été impuissantes pour le
relenii'. Les prières les plus unanimes,
les supplications les plus ardentes .scirrMenl ii’avoir pas eu plus d’efficace.
Nous disons semblent^ car en réalité
la prière limnltle et fervente a toujours
une grande ciTicace, au moins pour
Celui qui la fait monter an trône de
la grâce. Celui qui règne dans les
cieux et dont le.s pensées ne .«ont pas
nos pensées, n’a pas jugé bon d’exaucer
les supplications d’un grand peuple.
Les chrétiens sauront courber la tête
sous s.a puissante main, et les amis
de l’Evangile et les partisans de la libellé s'associeront partout au deuil
des Etats-Unis.
Seuls lés ennemis de ¡’Evangile et
les partisans de la liberté d’assassiner,
,se féliciteront en secrel,penl être même
publiquement, car leur impudence est
sans bornes.
Ernest Iîobkkt, Gémnl et Adminintraienr
Pignerol, lmp. Chianture et itasearelli-